Je suis arrivée dans ce village à l'âge de 10 ans. J'habitais, comme aujourd'hui, pas très loin de ces lieux. Ce cliché a été pris environ trente ans après, quand ils ont commencé la démolition.
Enfants, nous passions devant cet endroit pour nous rendre au cinéma construit derrière le mur de pierres, ignorant le passé historique et architectural de cet endroit.
Une pétition qui circulait dans le village pour empêcher les promoteurs de détruire les arènes, m'a permis de découvrir l'histoire de ces lieux.
On trancha pour contenter chacun. Oui pour la construction de maisons mais en respectant les arènes que l'on devine derrière les murs. Il s'agit des "Arènes Louis Valentin", appartenant à un riche industriel qui les fit construire en 1898.
Il avait fait bâtir aussi un théâtre, "l'Alcazar" qui programmait des opérettes, renommées dans toute la France, consacrant de nombreux chanteurs lyriques. Il fut transformé en cinéma, "Le Lux" dans les années 50. Ce fut le cinéma que j'ai fréquenté dans ma jeunesse, ignorant sa gloire passée et les ruines cachées des arènes.
Depuis, ils ont construit de petites maisons mitoyennes, laissant peu d'espoir à un trottoir de s'implanter afin de préserver les "ruines des arènes Valentin" en arrière-plan. Un petit immeuble a pris la place de l'Alcazar, effaçant une partie de mes souvenirs dans ce cinéma où je passais souvent mes dimanches après-midi.
Petit à petit, je perds tous mes repères dans ce village où j'ai trouvé la paix après l'exil. Tous ces lieux qui me parlaient de mon adolescence ont été détruits, difficile de se projeter dans le temps. Alors, oui, je me mets à rêver d'un ailleurs qui ressemblerait à mon village natal.
En 1963, mon "petit village" comptait deux cinémas dont le Lux mais aujourd'hui, il n'y en aucun, sauf des séances données dans une grande salle. Je n'ai pas connu les premières arènes municipales mais les nouvelles ont déjà été construites, détruites et reconstruites. J'ai toute une liste de monuments, de places, de parcs, etc. qui en cinquante ans ont totalement disparu.
J'espère ne pas vous avoir saoulé ! Pour moi, une photographie évoque toujours une histoire. Aucun cliché n'est vraiment "anodin". Il fait appel à un sentiment et inconsciemment, nous déclenchons le "clic-clac".
J'ai vu parfois de très belles photographies mais sans légende. Pour moi cela équivaut à un film sans paroles. Je n'arrive pas à les apprécier autant que celles qui "me parlent". J'ai toujours mis des images sur les mots et inversement, c'est mon côté enfantin !
A l'école maternelle, souvenez-vous des mots que l'on retenait grâce aux images que nous montrait la maîtresse.
Je vous remercie pour votre visite et vos commentaires !
PS : Je suis désolée pour le jour de publication, espérant que vous pardonnerez cette entorse au règlement.